Jocelyne Sand
Si près de mon arbre
Depuis toujours la présence des arbres me questionne et me rassure, me trouble et me contente. J’applaudis donc à chaque nouvel ouvrage scientifique qui aide à nous pencher ou plutôt, à lever la tête vers les communautés de ces majestés, qui nouent des alliances silencieuses pour LA VIE, pour la reproduire, la nourrir, la protéger, la soigner.
Pour parler de ces grands sages par la littérature, j’ai traqué au fil de romans des passages où l’arbre ou la forêt prend sa part du récit.
On trouvera dans ce Cabaret-lectures des arbres se faisant portraiturer comme des stars ou causant une brouille entre voisins ou abritant de jeunes amours… La forêt, elle, servira de rendez-vous avec la peur, cachera la dissidence ou deviendra le chef-d’œuvre d’un humaniste silencieux.
Si près de mon arbre vous invite donc à une promenade dans la forêt des livres car je crois à ses bienfaits… dur comme bois !
Les extraits choisis seront, entre autres, de:
J. Perry, J. Valentine, J.P. Dubois, Jean Hegland, Jean Giono.
Extrait
«Le ravenala ou l’arbre du voyageur»
Jacques Perry
« Un jour, je sortis mon couteau de poche et je coupai le hêtre marqué de rouge, puis le coupai encore et encore, jusqu’à ce que le baliveau, toujours serré dans le perchis par sa tête, se trouvât assez court pour que je puisse cueillir ses premières feuilles. Ce premier arbre coupé, j’en coupai d’autres avec une scie-ruban que je dissimulais dans ma poche. J’en coupais cent pour avoir au-dessus de moi une petite trouée de ciel, et le soleil pour quelques minutes. Je fis d’autres trouées avec une scie plus rapide et plus forte. Cela dura des années; les bords de la plantation restaient épais et Guillaume ne s’apercevait de rien. »